Depuis quelques années, les produits "sans gluten" se sont imposés sur les étals des magasins bio, des grandes surfaces et des boulangeries spécialisées. Le marketing alimentaire surfe sur la vague, tandis que de nombreuses personnes abandonnent le gluten dans l'espoir de gagner en santé, perdre du poids ou soulager leurs troubles digestifs. Mais cette éviction est-elle réellement justifiée ? Le gluten est-il vraiment toxique pour tous ? Ou sommes-nous simplement face à une tendance alimentaire largement influencée par la désinformation ? Faisons le point.
Le gluten est un complexe protéique composé principalement de gliadine et de gluténine, que l’on retrouve dans plusieurs céréales : le blé, l’orge, le seigle, et dans une moindre mesure, l’épeautre, le kamut ou encore le triticale. Ces protéines donnent à la pâte son élasticité et sa structure, ce qui est particulièrement utile en boulangerie et pâtisserie.
Concrètement, le gluten est présent dans :
Le pain, les pâtes, les viennoiseries
La pizza, les biscuits, les céréales du petit-déjeuner
De nombreux produits transformés : soupes industrielles, sauces, plats préparés, charcuterie, même certaines bières
Il existe trois cas médicaux bien documentés où l’éviction du gluten est non seulement justifiée, mais indispensable :
Elle concerne environ 1 % de la population mondiale
Chez les personnes atteintes, le gluten déclenche une réaction immunitaire anormale qui détruit les villosités de l’intestin grêle
Résultat : malabsorption des nutriments, fatigue chronique, anémie, diarrhées, troubles du développement chez l’enfant, ostéoporose…
Le seul traitement possible : un régime strict sans gluten à vie.
Il s'agit d'une véritable allergie alimentaire, qui peut provoquer des réactions sévères (éruptions, difficultés respiratoires, choc anaphylactique).
Elle est plus rare, mais nécessite aussi l’élimination complète du gluten issu du blé (sans inclure forcément l’orge ou le seigle).
Moins bien définie, cette condition est encore débattue par la communauté scientifique.
Les personnes concernées rapportent des douleurs abdominales, ballonnements, fatigue mentale, voire des maux de tête après avoir consommé du gluten.
Aucun marqueur biologique spécifique ne permet aujourd’hui de poser un diagnostic formel. Il s'agit d’un diagnostic d’exclusion, souvent posé après avoir écarté d'autres troubles digestifs (comme le syndrome de l’intestin irritable ou l’intolérance au lactose).
Faux : Le gluten en soi ne contient ni plus de calories, ni plus de graisses que d’autres protéines.
C’est souvent l’alimentation déséquilibrée (trop de pain blanc, de pâtisseries, de snacks transformés) qui fait prendre du poids — pas le gluten. D’ailleurs, de nombreuses personnes qui arrêtent le gluten remplacent simplement ces produits par d'autres aussi caloriques, voire davantage.
Faux : Pour la majorité de la population, le gluten n’a aucun effet délétère.
Les populations consomment du gluten depuis des milliers d’années. Aucune étude sérieuse n’a démontré de toxicité du gluten chez les individus en bonne santé. Le risque serait plutôt de déséquilibrer son alimentation sans raison valable.
Pas forcément : De nombreux produits sans gluten industriels sont ultra-transformés, enrichis en additifs, sucres, graisses ou amidons raffinés (comme la fécule de pomme de terre ou de maïs).
Cela peut conduire à :
Une alimentation pauvre en fibres
Des pics glycémiques plus fréquents
Une sensation de faim plus rapide
Et... une addition plus salée !
Cette mode s’est développée :
À partir des années 2010, avec des témoignages de célébrités et de sportifs affirmant se sentir "mieux" sans gluten
Grâce à la popularité des régimes "clean eating"
Par méfiance envers les produits industriels et la qualité du blé moderne (plus transformé, plus riche en gluten)
Et via les réseaux sociaux, où se sont multipliés les récits de guérison ou de perte de poids "miraculeuse" après l'arrêt du gluten
Or, il faut rappeler que l’effet placebo joue un rôle énorme : lorsqu’on croit qu’un changement nous fera du bien, on peut ressentir une amélioration — indépendamment du changement réel.
Éliminer le gluten de son alimentation sans réelle indication médicale peut :
Créer des carences : en fibres, fer, magnésium, vitamines B
Déséquilibrer le microbiote intestinal
Mener à une alimentation plus pauvre et monotone
Complexifier les repas au quotidien, engendrer du stress alimentaire
👉 Seulement si c’est médicalement justifié.
Pour les personnes atteintes de maladie cœliaque, d’allergie ou de sensibilité avérée, le régime sans gluten est bénéfique et parfois vital.
Pour les autres, il n’y a aucune nécessité d’éliminer le gluten. Une alimentation équilibrée, riche en produits peu transformés, est bien plus efficace pour être en bonne santé.
Consultez un professionnel de santé (médecin, gastro-entérologue ou nutritionniste)
Ne vous fiez pas uniquement à Internet ou aux témoignages d’influenceurs
Si vous testez un régime sans gluten, faites-le sur une courte période (2 à 4 semaines) avec suivi
Évitez les produits ultra-transformés, qu’ils soient avec ou sans gluten
Privilégiez les céréales naturellement sans gluten : quinoa, riz complet, millet, sarrasin, amarante, maïs, etc.
Le gluten est devenu un bouc émissaire pratique dans une époque où la santé et l’alimentation sont au cœur des préoccupations. Mais comme souvent, les raccourcis sont dangereux. Ce n’est pas le gluten qu’il faut diaboliser, mais bien notre consommation excessive d’aliments industriels, notre sédentarité, et nos mauvaises habitudes alimentaires.
Le bon sens reste votre meilleur allié : manger varié, peu transformé, écouter son corps et consulter en cas de doute. Le gluten, lui, n’est ni ange ni démon : il est simplement un élément d’une longue tradition alimentaire… à remettre à sa juste place.
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Il y a 25 minutes, de Kalaat Mgouna