
Le fluor est l’un des composants les plus discutés en santé publique, particulièrement en lien avec la prévention des caries dentaires. Présent naturellement dans l’eau, le sol et certains aliments, il est également ajouté à de nombreux produits d’hygiène bucco-dentaire, notamment les dentifrices. Son efficacité contre les caries est scientifiquement reconnue, mais des inquiétudes persistent quant à ses effets secondaires possibles sur la santé humaine, surtout en cas d’exposition excessive. Alors, le fluor est-il un allié ou un ennemi de notre santé ?
Le fluor agit directement sur l’émail dentaire. Lors de la consommation de sucres ou d’aliments acides, les bactéries présentes dans la bouche produisent des acides qui attaquent l’émail. Le fluor aide à :
Renforcer la structure cristalline de l’émail en formant de la fluorapatite, plus résistante à l’acidité que l’hydroxyapatite naturelle.
Inhiber l’activité des bactéries cariogènes, notamment Streptococcus mutans.
Favoriser la reminéralisation des lésions précoces de carie.
Des études cliniques et épidémiologiques sur plusieurs décennies ont confirmé l’efficacité du fluor dans la réduction des caries :
Une réduction de 20 à 40 % des caries chez les enfants utilisant un dentifrice fluoré.
Une meilleure santé dentaire dans les régions bénéficiant d’une fluoration contrôlée de l’eau potable.
Les dentifrices fluorés sont classés en fonction de leur concentration en fluor :
| Type de dentifrice | Teneur en fluor (ppm) | Âge recommandé |
|---|---|---|
| Bébé/enfant | 250–600 ppm | Moins de 6 ans |
| Enfant | 1000 ppm | 6–12 ans |
| Adulte | 1350–1500 ppm | +12 ans |
| Médicamenteux | Jusqu’à 5000 ppm | Sur ordonnance |
La recommandation générale est de se brosser les dents deux fois par jour, avec une petite quantité de dentifrice (taille d’un pois ou d’un grain de riz pour les jeunes enfants).
La fluorose est le principal effet secondaire observé en cas de surconsommation de fluor pendant la période de formation des dents permanentes (de la naissance à environ 8 ans).
Symptômes : taches blanches, stries opaques, voire coloration brunâtre de l’émail.
Causes fréquentes : ingestion régulière de dentifrice fluoré par les jeunes enfants, eau potable naturellement trop fluorée (> 1,5 mg/L).
La fluorose osseuse est beaucoup plus rare, observée dans les régions où la teneur en fluor dans l’eau dépasse 4 mg/L. Elle se traduit par :
Une augmentation de la densité osseuse (initialement).
Une fragilité accrue des os à long terme.
Des douleurs articulaires et une rigidité.
Des études récentes ont soulevé des questions sur de possibles effets systémiques du fluor :
Neurotoxicité : certaines recherches, surtout menées en Chine et en Inde, ont suggéré une corrélation entre une forte exposition au fluor et une diminution du quotient intellectuel (QI) chez les enfants. Toutefois, ces résultats sont controversés et ne peuvent pas être généralisés aux pays où l’exposition est modérée.
Perturbation endocrinienne : le fluor pourrait affecter la fonction thyroïdienne, notamment en cas de carence en iode.
Cancérogénicité : aucun lien direct n’a été prouvé entre l’exposition normale au fluor et un risque accru de cancer.
L’OMS recommande une concentration de fluor dans l’eau potable de 0,5 à 1,5 mg/L, selon les climats (car la consommation d’eau varie).
L’ANSES considère que l’exposition au fluor en France est globalement maîtrisée, mais recommande de ne pas multiplier les sources (eau fluorée, compléments, dentifrices, sel fluoré...) sans nécessité médicale.
L’ADA continue de promouvoir l’usage du fluor comme mesure de santé publique, tout en soulignant l’importance de l’utiliser avec précaution chez les enfants.
Pour les enfants :
Utiliser un dentifrice avec une concentration adaptée à l’âge.
Surveiller le brossage pour éviter l’ingestion.
Éviter les compléments fluorés sauf indication médicale.
Pour les adultes :
Maintenir un bon brossage quotidien avec dentifrice fluoré.
Éviter le surdosage (notamment en présence d’eau déjà fluorée ou de traitements spécifiques).
Le fluor demeure un outil essentiel pour la prévention des caries, dont l’efficacité est soutenue par des décennies de recherche. Utilisé correctement, il présente peu de risques pour la santé, mais son usage doit être encadré, notamment chez les jeunes enfants, pour éviter les effets indésirables liés à une exposition excessive. Comme souvent en santé publique, c’est la dose qui fait le poison : ni trop, ni trop peu
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Il y a 56 minutes, de Khénifra